dimanche 29 novembre 2015

Les enfants de choeur de l'Amérique

rentrée littéraire 2015

Héloïse Guay de Bellissen, Les enfants de choeur de l'Amérique, éds Anne Carrière

Mon coup de coeur:
En 1980, en l'espace de quatre mois, Mark David Chapman et John Hinckley marquent l'histoire et plus particulièrement celle des Etats-Unis. Ils ne se connaissent pas, ne se sont jamais rencontrés et a-priori rien ne permet de les lier si ce n'est l'acte de violence par lequel ils se sont rendus célèbres et leur amour inconditionnel pour un personnage mythique de la littérature: Holden Caulfied, protagoniste du célébrissime L'attrape coeur de J.D. Salinger.
Les Enfants de choeur de l'Amérique c'est le parcours singulier, déjanté et criminel de deux garçons issus de famille monoparentale de la middle-class américaine qui ont grandi dans une relative précarité matérielle, affective et sociale. Ces deux "enfants" se nomment donc Mark David Chapman et John Hinckley. Le premier a assassiné John Lennon alors qu'il admirait le chanteur, le second a tiré sur me président Ronald Reagan afin d'attirer l'attention de la toute jeune Jodie Foster (la belle et paumée Iris dans Taxi Driver). A travers le récit parallèle de leurs deux parcours se dégagent une même solitude, une hyper-sensibilité et un rapport au monde fondamentalement faussé. Afin de souligner leur mal être et leur déchéance, le narrateur prend ici le parti d'alterner leur histoire respective avec celle de deux autres personnages; à savoir Holden Caulfied et l'Amérique elle-même personnifiée par un choeur qui ose clairement faire son autocritique et dire ses blessures, son désarroi mais aussi son indignation vis-à-vis des monstruosités qu'il a laissé faire. Et par-delà les voix des quatre protagonistes surgissent alors celles des victimes. Certaines sont restées célèbres -Marilyne Monroe, Elvis Presley ou les frères Kennedy- tandis que d'autres sont tombées dans l'oubli comme d'Emmett Till, jeune garçon afro- américain battu à mort pour avoir "importuné" une femme blanche et qui plus est mariée. Qu'importe ici toutes ces présences ont la même importance, disent la même vérité, la même tragédie et plongent le lecteur au coeur même de cette société malade, individualiste et sans compassion.
"Enjoy, ne rien posséder et croire que tout est possible, voilà le secret. Parfois, certains de mes mômes ne suivent pas les règles du jeu. Ils pillent, ils tuent ils cognent fort. Je ne suis pas complètement innocente dans cette affaire, la rage ça se transmet. Comme toute bonne mère qui se respecte, j'ai des failles. Je suis la terre qui a vomi ses propres ancêtres...
Je suis la mémoire d'un secret inavouable. Le rêve américain n'existe pas, mais chut ! Il faut y croire pour faire du grand cinéma. 


En s'appuyant continuellement sur des faits véridiques, ce roman raconte non seulement le parcours chaotique de deux des plus célèbres criminels américains mais il narre surtout les névroses d'un pays qui -après s'être s'est fourvoyée jusqu'au point de non retour- a lâchement abandonné ses enfants et a fait de certains d'eux des criminels sociopathes en quête de célébrité et de reconnaissance.

Les enfants de coeur de l'Amérique est un roman qui se saisit des dérives de l'Amérique avec audace, humour et perspicacité. Voici une fiction bien documentée et agréable à lire, avec un parti pris narratif intéressant (même si j'aurais aimé que le choeur soit parfois moins bienveillant) et qui évite l'écueil du pur exercice de style et du sensationnel. Vous l'aurez compris ce roman a été pour moi une des belles découvertes de cette rentrée et il me donne envie de suivre l'avenir littéraire de Héloise Guay de Bellissen.


L'auteur :
Née en 1981, Héloïse Guay de Bellissen est l'auteur du Roman de Boddah (éds Fayard) et de livres aussi bien consacrés au slam qu’à Spinoza. Elle a été libraire puis chroniqueuse pour le site www.bakchich.info (en 2009), et compte parmi ses romanciers fétiches Edgar Poe, Lovecraft, Maupassant ou encore Stephen King.

mercredi 21 octobre 2015

L'invité(e) du Bruit délivre (4)



Mon quatrième invité s'appelle Thomas, comme mes précédents invités c'est un grand lecteur notamment de SF et un passionné de bandes dessinées, il est d'ailleurs community manager pour le Festival International de Bandes Dessinées d'Angoulême

Il nous ici présente une aventure bien particulière survenue un jour de brocante après la découverte d'un livre étrange publié par un auteur et une maison d'édition dont on ne retrouve aucune trace nulle part. J'ai moi aussi effectué quelques recherches pour trouver traces de l'existence de ce roman, en vain...

J'espère que cette lecture vos donnera envie de lire ce roman mais aussi de vous laissez happer pour ces titres que l'on rencontre dans les vide-greniers ou chez les bouquinistes.  Bonne lecture !



I Shot Bob Marley, but I didn't shot intentionally. Oh no oh !

Comme pour la course et la marche à pied, les rues et les places de nos villes tremblent au rythme des vide-greniers et brocantes de toutes tailles. Pas un village qui n’organise pas sa bringue un dimanche d’été attirant les touristes de saison. Malgré une volonté toute romantique d’échapper aux hobbies de monsieur tout le monde me voici donc au fin fond de l’Ardèche, au milieu d’une sympathique décharge rangée et étiquetée à l’affut de choses intéressantes. Quand, hésitant entre acheter un beignet et aller voir les chatons dans leur boite en carton que tient un quinquagénaire à l’air vicieux, mon œil glisse sur une couverture jaune pétante surmontant une photo de Bob Marley tenant un ballon de football. Tu es sûr, encore un livre, me souffle ma conscience de trentenaire. Pourtant. Presque une phrase, ce titre chantant –qui plagie la chanson du reggaeman– m’attire. Je dépense allègrement mes deux euros pour le bouquin pas trop abimé, quelques pages cornées en guise de marque-page, le dos un peu cassé, mais ça le fait. Content de ma trouvaille, je feuillette debout au milieu du champ où se trouvent les stands : « Paris, le 27 mai 1981, les sirènes de police impriment au gyrophare une carte bleue de la capitale. Craignant émeutes et pillages les flics faisaient des heures supplémentaires et agissaient comme si l’élection du 10 était un coup d’état. Mitterrand avait pris ses fonctions semant la panique dans les rangs de la maréchaussée en nommant Gaston Defferre -qui avait exigé et obtenu du nouveau boss d’être- ministre de l’Intérieur. Personne ne les contrôlait plus, les syndicats et les grands flics négociaient, les commissaires fermaient les yeux sur les abus, les tabassages, les gardes à vue sans motif, les chefs de patrouilles priaient pour ne pas avoir à remplir le PV de la prochaine bavure, et les troufions appliquaient leur loi sur le terrain. 

Seul un abruti irait volontairement emmerder les forces de l’ordre dans ce chaos. Et plus d’une heure et demie après avoir laissé mon identité au bureau d’accueil, j’attendais toujours dans le hall du commissariat. Des familles, des jeunes, des policiers attendaient, s’annonçaient, passaient, mais je fus le seul à rester. Je retournais au bureau quand le préposé salua un homme qui sortait de l’ascenseur en l’appelant commissaire.  Je me jetais à sa suite et scandait mon histoire le plus vite possible avant que le planton ne s’approprie mon bras. Il entreprit de m’évacuer au plus vite tandis que le commissaire me répondait sans l’arrêter : jeune homme, en ce moment, les complots aussi nombreux que les infiltrés du KGB; et croyez-moi je prends surement le café avec eux tous les matins. »

De retour à la maison, je lus les 731 pages d’une traite. Entre polar et journal intime,  I Shot Bob Marley, but I didn't shot intentionally. Oh no oh ! se révèle composite et paranoïaque. L’auteur multiplie les notes, les inserts, les extraits de chansons ; des chapitres entiers sont des biographies de personnages, des citations apparaissent ici et là et tout ce métatexte nous donne à comprendre l’histoire. Au lecteur d’assembler les fragments pour reconstituer l’intrigue. Qui tient en ces quelques mots : l’assassin de Bob Marley cherche lui-même les commanditaires du meurtre. Sans le savoir, un jeune journaliste se retrouve complice d’une vaste conspiration visant à éliminer tous les patients d’un docteur allemand, dont le célèbre chanteur. 
Une histoire qui s’appuie –d’après l’éditeur, dans  son Avertissement– sur des faits réels, mais dont on a du mal à démêler le réel de la fiction. Après quelques recherches sur le net il semble que les personnages, les dates et les évènements appartiennent à cette première catégorie (je développe et j’ajoute des liens en bas de page).
Romain Hincker, 24 ans, vient d’entrer à la rédaction de Rock and folk après deux ans d’aller-retour, pour apporter ses textes et venir les chercher avec la même mention « refusé ». L’article qui lui vaut les honneurs de rencontrer le patron en avril 1977 est un essai sur le dérapage d’Éric Clapton durant un concert à Londres où il tient des propos racistes, quelque temps après avoir lancé la carrière d’un inconnu : Bob Marley. Un chanteur jamaïcain à qui il va emprunter la chanson « I Shot the Sheriff » (avec laquelle Clapton  parviendra à la première place du hit-parade 1974) qu’il popularisera en même temps que son auteur. L’article de Hincker est osé, documenté aussi la rédaction lui offre une chronique régulière.  Mai 77, Bob Marley arrive à Paris pour faire la promotion de son nouvel album Exodus. Parmi les vétérans, Romain se voit convié à accueillir la star du reggae, mieux il est désigné pour jouer dans le match organisé pour faire plaisir à Marley et ses musiciens. Il n’arrive pas à croire à la chance qu’il a. jusqu'au moment où durant cette mythique partie de foot, au pied de la tour Eiffel, le chanteur se voit contraint de repartir blessé. Un doigt de pied arraché, la lésion s’infecte dangereusement et Bob Marley refuse l’amputation qui pourrait lui sauver la vie. Atteint d’un cancer généralisé, le musicien se savait condamné, mais avait tout fait pour garder le secret et continuer ses concerts. Quelques mois plus tard, il annule sa tournée et part subir un traitement à Rottach-Egern en Bavière. Le docteur Josef Issels teste diverses méthodes alternatives et prolonge la vie du chanteur non sans souffrances. La star tente de revenir en Jamaïque, mais doit être placée en soins intensifs au Miami Cedars Sinaï Hospital où il décède le 11 mai 1981.
Après ce terrible match, Romain Hincker se voit remercié sans préavis. Sa carrière dans le magasine se termine là, mais la mort conjointe de l’icône jamaïcaine (après les séances chez le controversé Dr Issels) et l’assassinat de Salvatore Inzerillo, tous les deux âgés de 36 ans, l’interpelle. Salvatore, présenté comme un membre de la Cosa nostra, était à Paris au moment du passage de Marley et servait de chauffeurs aux journalistes. Un choc pour Romain. Tout lui revient : la proposition du rédacteur d’assister à cette rencontre alors que d’autres pigistes plus anciens furent écartés, l’aubaine que Salvatore ait ses chaussures de sport dans la voiture, les gars qu’il ne connaissait que depuis deux semaines qui sans relâche lui faisait des passes pour dribler et attaquer dans les jambes de Marley,…. Après quelques recherches, il apprend que ce même 11 mai 1981 paraît Mein Kampf gegen den Krebs. Erinnerungen eines Arztes (Ma lutte contre le cancer : Mémoires d'un médecin) du Dr Josef Issels aux éditions Bertelsmann sans mentions du chanteur, pourtant son plus célèbre patient. Le livre fait polémique dans les médias allemands car on accuse le docteur d’être un ancien nazi –en plus d’un charlatan. Un trop-plein de coïncidences qui décide le jeune homme à enquêter pour de bon. La paranoïa réaménage son nid, déjà bien douillet.
Romain est seul, il s’enlise dans une enquête qui n’a pas de sens. Son temps se répartit entre les archives, la bibliothèque nationale où il épluche les journaux du monde entier et les salles d’attente du consulat de Jamaïque. Épuisé, surmené par le travail et le trop-plein d’informations il n’arrive plus à se reposer. Il pense que son appartement a été visité, que certaines voitures se ressemblent trop pour être le fruit du hasard, que plusieurs personnes fréquentent la bibliothèque aux mêmes horaires que lui ou que certains de ses amis lui posent des questions ambiguës. Il n’ose plus en parler, se sépare de sa compagne pour un temps et improvise une vie d’agent secret –sans argent, sans panache, ni excitation. Seulement l’inconfort, la solitude et la peur.
Une psychose qui transparait dans la composition du livre avec des chapitres où le fond et la forme semblent codés. « Cher Victor, je t’enverrai deux cartes postales chaque semaine (au cas où ils me surveillent, ils ne t’en enverront qu’une), si deux semaines passes et que tu n’as rien ou une seule plusieurs fois : tu sais quoi faire ! Merci pour tout. Voici les adresses où tu trouveras les documents. 
CD //Le relais du vin,  85 Rue Saint-Denis : Coupures de journaux dans une enveloppe kraft sous la marche la plus basse de l’escalier. 
BK // Le Bougainville, 5 Rue de la Banque : pochette violette avec notes scotchées sous la banquette du fond. 
RB// Au petit bar, 6 Rue du Mont Thabor : chaussures de football appartenant à Salvatore Inzerillo dans un sac de sport demande à la patronne. 
XD // Bâtiment Japon à la cité universitaire, 17 Boulevard Jourdan : copies vidéos dans un sac en papier demande Mr Matsumoto 

11// Paroisse Sainte-Anne de la Butte-aux-Cailles, 188 Rue de Tolbiac : unique exemplaire du dossier de Robert Nesta Marley volé dans les bureaux du Docteur Issels  caché derrière la reproduction de L’Incrédulité du Caravage. »

Suit deux cartes postales représentant des vues de la tour Eiffel (lieu du drame) annotées : « CD BKRB XD et 11 mai dix-neuf cent quatre-vingt-un.» Cryptographie et codes secrets, messages cachés, côtoient un journal des rêves, un extrait du bottin de 81 (l’auteur semble avoir emprunté le procédé à Modiano), des transcriptions de conversations téléphoniques, …
Mais plus étonnant : le narrateur se permet des variations au fil du texte. Des réécritures de passages déjà écrits, il ne s’agit pas d’erreurs ou d’oublis, mais bien de reprises comme pour une chanson. Ainsi dans le chapitre 6 il écrit une première version « Want More (in case) » : « Le chauffeur de taxi refusa, puis s’inclina quand je lui racontais tout et lui donnait quelques billets. J’imagine que plus de gens seront au courant, mieux se sera.  Il me fallait rejoindre Munich pour visiter la clinique du Dr Issels à Rottach-Egern. Mais le nouvel aéroport se trouvait maintenant à Roissy et nous nous perdîmes plusieurs fois avant d’arriver devant cette ville hors du temps. L’entrée ressemblait à une chambre d’hôtel version cathédrale avec ses moquettes, ses distributeurs et ses fenêtres géantes. Le chauffeur voulait m’accompagner, gratis, pour pouvoir raconter à sa femme et ses gosses comment c’était. » qu'il reprend ultérieurement dans le chapitre 23 « No Concrete Jungle » : « Le chauffeur de taxi refusa, puis s’inclina quand je lui racontais tout et lui donnait quelques billets. Je lui fis jurer le secret, moins de personnes seront au courant, mieux se sera pour ma sécurité. Il me fallait quitter Paris le temps de les semer, je lui demandais de me conduire avec mes provisions et ma tente au beau milieu du Vexin, dans les bois  et de revenir me chercher dans 10 jours au même endroit. La forêt était belle, impénétrable j’eu l’impression de me réveiller hors du temps après l’étouffante traversée de Paris puis Cergy. Il insista pour m’accompagner et porter mes affaires, gratis, pour pouvoir raconter à sa femme et ses gosses qu’il m’a aidé quand je ferrais les gros titres. »
On trouve plusieurs exemples de ce procédé puisque chaque chapitre détourne le titre d’une chanson (à l’image du titre du livre). Le chapitre 6 fait référence à « Want More » (Vouloir plus) sur l’album Rastaman Vibration (1976) et le chap. 23 à « Concrete Jungle » (Jungle de béton) sur le disque Catch A Fire (1971) et c’est ainsi dans tout le bouquin jusqu’au chapitre final. Le 36 qui s’affranchit de cette règle et s’intitule « Nesta Robert Marley ». 
Seule autre entorse, l’utilisation de la chanson « Trenchtown Rock » issue d’un album posthume Confrontation (1983) au chapitre 32 « Trenchtown’s Rock ».  Un enregistrement qui est postérieur au temps du récit qui se passe en 1981. Une piste de lecture, de relecture, un autre message codé ? En conclusion le narrateur, bien qu'étant parti en Jamaïque plusieurs chapitres auparavant,  n’a rien trouvé à Kingston alors même qu’une partie des réponses à ses questions se trouvaient sous « le rocher de Trenchtown » (traduction littérale du jeu de mots Trenchtown’s Rock en place du rock’n’roll de Trenchtown initial), la ville natale du chanteur. À la relecture, la réponse se trouve effectivement au chap. 23 –miroir du 32– mais je n’en dis pas plus au cas où vous pourriez le lire.

L’auteur captive et déroute son lecteur, l’inquiétante sobriété de la biographie à la fin du volume –seulement la phrase « Mathieu Mantra travaille et habite à Mexico depuis quelques années. »- ouvre un éventail de suppositions. Absence en ligne, point de page Facebook, de blog ou de fiche Wikipédia, le site de l’éditeur qui apparaît « en construction », autant de vides en écho à l’hystérie du texte. À tel point qu’il me paraissait sûr qu’un ou plusieurs auteurs se cachaient derrière toute cette métalittérature. Aucune piste, aucun lien. En vain, personne n’en saura le fin mot. Avant cette investigation, après quelques chapitres lus sur le siège avant de ma voiture incapable de décoller, je revins curieux vers la dame du vide-grenier qui vendait « les bouquins du grand, parti de la maison. Mais j’ai des vêtements aussi si vous voulez jeter un œil. » n’avait pas d’autres livres du même éditeur, seulement quelques poches : Traven, Pessoa, Ajar, Sullivan, Pynchon, Volodine, un air de famille, j’embarquais le tout. N’ayant pas encore pris la mesure de l’imposture à ce moment-là, je n’eus pas l’occasion de lui demander son nom ou si son fils habitait au Mexique.
En guise de conclusion à cette quête inachevée, j’emprunte ces phrases au chapitre 27 «  Stop That ! » (en référence à « Stop That Train »  sur l’album Catch A Fire, 1971) : « Chaque muscle de mon visage le déforme en essayant de ressembler à ce souvenir qui sourit dans la glace, je me coupe presque sans faire exprès. Le rasoir imprimant dans la chair une marque à l’intention de celui que je serais demain. Toute sa vie ne se rappeler que l’oubli. Miami brillait, dehors, imprimant un voile blanc à son reflet. Mon reflet. Dépossédant mon double encore un peu plus de mon identité, j’enfilais un pantalon en lin et une chemise fleurie, la survie était à ce prix. »



I Shot Bob Marley, but I didn't shot intentionally. Oh no oh ! de Mathieu Mantra aux éditions La Dernière Marche (avant !), 2011



I Shot Bob Marley, but I didn't shot intentionally. Oh no oh ! de Mathieu Mantra  aux éditions La Dernière Marche (avant !), 2011



Pour aller plus loin :

Biographie sur le site officiel de Bob Marley : http://www.bobmarley.com/history/

Vidéo archive de l’Ina sur la passion de Bob Marley pour le Football : Rastas et ballon rond : la revanche des pauvres  diffusé le 15 juin 1980 sur Antenne 2 : http://www.dailymotion.com/video/x1ccixg_rasta-et-ballon-rond

Mention de cette terrible partie de football dans les médias : http://www.mondomix.com/news/bob-marley-mort-d-un-footballeur

Qui est le docteur Josef Issels ? : https://en.wikipedia.org/wiki/Josef_Issels
Ma lutte contre le cancer : Mémoires d'un médecin le livre du Dr Issels : http://www.amazon.de/Kampf-gegen-Krebs-Erinnerungen-Arztes/dp/3570047369
Qui est Salvatore Inzerillo ? : https://it.wikipedia.org/wiki/Salvatore_Inzerillo

jeudi 1 octobre 2015

Le bruit des livres et les Golden Blog Awards 2015

Depuis 2010 les Golden-Blog Awards permettent de récompenser le travail fourni par les blogueurs en leur offrant davantage de visibilité et en leur permettant d'enrichir le travail en échangeant avec d'autres blogueurs.
23 catégories (BD, mode, économie-marketing, beauté, sciences, musique, sport, Paris, arts et culture...) y sont représentés, 3 prix spéciaux (meilleur blog, meilleur espoir et -depuis cette année- Happy Blog) y sont décernés et 8 000 blogs en moyenne participent à cet événement.
Depuis la création du Bruit des livres, je me suis efforcée de partager mes nombreux coups de coeur et de défendre les éditeurs et les auteurs que j'aime.

Participer à ce concours c'est à la fois me donner de la visibilité mais aussi valider le travail fourni jusque à présent.Voter pour ce blog, c'est voter pour le sérieux et l'honnêteté de son contenu, son design, son potentiel et aussi pour ses lecteurs.
Ainsi, comme lors des deux dernières années, je tente ma chance en inscrivant ce blog à ce concours dans la catégorie Art et Culture. Et si vous souhaitez défendre ses chances de terminer dans les 10 premiers de cette catégorie afin de figurer au second tour vous pouvez voter :
  • En cliquant ici, sur le logo ci-joint et sur celui qui se trouve dans la marge de droite,
  • En accédant à la page GBA réservé au Bruit des livres : https://www.golden-blog-awards.fr/blogs/le-bruit-des-livres-0.html

et si le coeur vous en dit,vous pouvez commenter et partager cette candidature.

Quoiqu'il en soit sachez que je vous suis reconnaissante de lire ces pages. Et merci à ceux d'entre vous qui voteront quotidiennement jusqu’à la date limite ;-)

Merci !
lili M

NB : le règlement autorise à voter une fois par jour et par personne pour le blog de son choix dans une même catégorie.

https://www.golden-blog-awards.fr/blogs/le-bruit-des-livres-0.html

vendredi 25 septembre 2015

En aparté... avec Didier Castino (1)

Portée par l'envie de consacrer une rubrique aux acteurs du monde littéraire (auteurs, éditeurs, blogueurs...), j'ai décidé d'aller à leur rencontre, d'échanger sur leur(s) actualité(s) littéraire(s) mais aussi sur leurs lectures et de retranscrire ici-même le fruit de ces entrevues non pas sous forme de questions/réponses mais en en faisant une narration fidèle aux propos tenus et au déroulement de ces rencontres.  

 

  Didier Castino, 

Après le silence, éditions Liana Levi 

Paris 5ème, le 11 septembre 2015 -15h -16h
Ça a commencé par un mail envoyé aux éditions Liana Levi dans lequel je les informais de mon envie de rencontrer Didier Castino et de lui consacrer le 1er numéro de ce nouveau rendez-vous et ça s'est poursuivi 4 jours plus tard dans un café. De cette rencontre, voici les mots, les thèmes et les moments que j'ai retenus.
 


Didier Castino et Après le silence : 
A l'origine de l'écriture il y a eu de la part de l'auteur la volonté de "s'intéresser aux rapports père/fils mais avec un père absent et un récit construit comme un long monologue dicté par le fils (dont on ignore le nom) qui prendrait lui-même en charge la voix de son père (Louis) comme pour relayer une parole qu'il aurait pu entendre". 
De fil en aiguille, Après le silence est devenu une histoire familiale -"un homme de 40 ans qui souhaite se réapproprier l'image de son père qu'il n'a que très peu connu mais au sujet duquel circule une parole unanimement élogieuse"- doublée d'une chronique sociale -avec ce père ouvrier qui bien que vampirisé par l'usine est porté par "des rêves fous" comme s'offrir de belles vacances, une voiture et faire de ses fils des hommes instruits. D'ailleurs Didier Castino a voulu faire du fils un "non ouvrier" afin qu'il puisse, en se démarquant de la condition ouvrière, en parler plus librement.
Une fois le sujet décidé, le travail d'écriture s'est alors déroulé en trois temps bien distincts : écrire "d'un flux" l'histoire; travailler (seul) sa composition (l'étape la plus longue) et enfin retravailler le récit avec l'aide précieuse de ses éditrices Liana Levi et Sandrine Thévenet "l'indéfectible". Ainsi, Didier -qui avoue aimer "l'écriture de l'insistance”- a pu recentrer son récit et lui donner un dynamisme que le titre même laisse deviner.


Les éditions Liana Levi :
Didier Castino connaissait des éditions Liana Levi leur réputation de "maison exigeante" mais aussi certains de ses grands auteurs : Milena Agus, Andreï Kourkov et Iain Levison. En faire partie a été comme réussir un examen de passage. Didier désirait certes publier son livre mais il fallait qu'il le soit par une maison d'édition installée et reconnue. 
Il se dit heureux et pleinement satisfait du résultat final. Et le succès de son roman, il le souhaite autant pour son équipe que pour lui-même. Ce qui explique aussi la hâte qu'il a de retravailler avec la maison d’édition sur un projet actuellement en cours d'écriture.


Des références ? 
Si a posteriori le lecteur peut voir dans ce récit une parenté avec La Place d'Annie Ernaux ou Retour à Reims de Didier Eribon (lecture ultérieure à l'écriture et vivement recommandée par mon interlocuteur) les seules lectures préalables à l'écriture de ce roman furent celles de journaux et de faits divers d'époque. Cependant Didier revendique facilement le rôle d'accompagnement qu'a pu jouer le moyen-métrage d'Arnaud Desplechin La vie des morts.


Au coeur d'Après le silence :

rentrée littéraire 2015 et premier romanLa relation père – fils : Celle qui est à l'origine de tout. C'est parce qu'il subit le double "vertige de la perte d'un être cher et celui d'une parole écrasante" que le fils de Louis provoque une confrontation verbale avec son père. Chacun des deux représente un monde et des valeurs différents. En raison de la mort prématurée de Louis, cet affrontement prend ici une forme et un développement particuliers avec cette parole "fantasmée" du fils qui "met à l'épreuve" la vie, les idéaux et les choix de son père. Si Louis incarne le monde ouvrier, "l'usure de l'usine" (bel écho phonique signé Didier Castino), la solidarité, le collectif, la révolte constructive et l'espoir, son fils -exclu du deuil du fait de son jeune âge- est un personnage ambivalent, "en mouvement" et solitaire qui symbolise "la révolte stérile, adolescente et désabusée", "un petit cri", qui reproche à son père ce qu'il n'a pas vécu du fait de la mort de celui-ci, "qui revendique son dû" et qui dit sa colère et toute son émotion. Avec la mort de Louis c'est un monde qui s'éteint -un monde dans lequel son fils ne se reconnaît pas- mais aussi une période charnière dans l'histoire sociale française durant laquelle les révoltes étaient synonymes d'espoir. Dans ces circonstances, parler des Fonderies et Aciéries du Midi et situer une partie du récit au moment des 30 Glorieuses sont des choix logiques et hautement symboliques lorsque l'on veut aborder le monde ouvrier car ils ancrent davantage le récit dans une réalité sociale et une époque durant laquelle on va recenser de nombreux accidents du travail. Ce qui dans le roman conduit le fils à considérer son père comme une simple victime de cette "mort ouvrière, des morts en série, une mort parmi tant d'autres”. Même si dans la manière dont elle est relatée, cette mort est spectaculaire, elle n'est pour le fils que sale et "indigne" car "faite de boue, de sang, de chair et de puanteur..."

Les mots et le langage : Cette relation père/fils passe par le Verbe et la maîtrise respective qu'ont les personnages du langage. D'une part nous avons Louis, un personnage qui d'abord subit le langage (notamment lorsqu'il est renvoyé de son premier emploi accusé d'avoir volé de "la menue matière" ou "monnaie matière") avant de partir à sa conquête, de l'autre son fils qui le maîtrise, s'en vante et s'en sert pour exprimer l'ambivalence de ses sentiments. 
Même si Louis sait à peine lire et écrire, il aime les mots. Et lors des manifestions de 68, il est même grisé par eux. C'est porté par cet amour qu'il "offre des titres à sa femme Rose" dont il est fier et qu'il aime regarder en train de lire. Il est tellement sensible aux mots qu'il n'écoute que des chansons à texte et même à thèse et voit en cela une victoire sur sa condition d'ouvrier "à l'orthographe tellement délirante". Et au-delà de l'objet livre ce qu'il offre c'est la portée symbolique qu'il devine en lisant des titres comme Les travailleurs de la mer ou L'homme révolté.

L'école : C'est parce que les mots ont une valeur et le langage un pouvoir que l'école est si présente dans ce récit et ce dès les premières lignes. Bien qu'ayant eu peu accès à celle-ci, Louis croit en ses valeurs. S'il reprend ses études et passe le CAP c'est pour servir de modèle à ses enfants et aux autres ouvriers qu'il espère entraîner dans son sillage. C'est d'ailleurs parce qu'il a étudié et qu'il maîtrise les mots que son plus jeune fils s'est extirpé de son rang social d'origine.

L'usine : Après le silence c'est la souffrance au travail, les corps épuisés, la fatigue continuelle mais c'est aussi la matrice qui a fait du père un homme et qui magnifie le corps des ouvriers et leur dextérité. Elle est à la fois synonyme de vie et de mort.

Les petits bonheurs quotidiens : Heureusement, au-delà de l'usine il y a ces moments de joie comme une parenthèse enchantée. Et parce que d'expérience l'auteur sait que "la vie est composée des deux", il fallait que le livre tisse ensemble ces deux aspects.


Didier Castino écrivain ?

Didier se définit comme un enseignant qui a publié un roman et non pas comme un écrivain car "un écrivain ça écrit plus d'un livre". Toutefois l'écriture l'a toujours accompagné que ce soit pour écrire un mot, des récits de voyages ou de petits textes. En l'écoutant je vois en lui un "passeur de texte" tant il est évident qu'il aime les mots, les écrire, les lire et les transmettre. Il m'avoue même au cours de cette conversation avoir un faible pour les mots écorchés et les écarts de langage. 
Ce nouveau statut d'enseignant-(primo) romancier ne l'a en rien changé à ceci près que pour la première fois il appréhende cette rentrée scolaire et la réaction de ses collègues et de ses élèves. Il se sent encore mal à l'aise devant les compliments qu'il reçoit même s'il apprend à les accepter et à être détaché. Surpris donc par le tumulte lié à la rentrée littéraire, Didier vit celle-ci comme on assiste à un spectacle, avec un regard extérieur. Surpris, il l'est aussi par les passages que la plupart des lecteurs et/ou critiques ont retenu du livre. Surtout ceux concernant l'Ami 8 qui sont parmi les plus cités alors qu'il ne lui consacre guère plus d'une dizaine de pages. Ce qui l'intéresse dans la plupart des articles parus c'est leur caractère éclairant et la manière dont les critiques lisent "le livre comme il ne l'a peut-être pas écrit". 
Plus prosaïquement, la rentrée littéraire c'est aussi une boîte mail surchargée de comptes-rendus de revues de presse et un planning serré. Ainsi en l'espace de quatre jours, Didier Castino a présenté jeudi son roman lors de la rentrée Librest, a enchaîné vendredi deux entretiens (avec moi puis avec Christine Ferniot) et une rencontre en librairie à Antony avant de quitter Paris pour Nancy et son festival Le livre sur la place (samedi-dimanche).


Didier Castino lecteur ?
Dès le début de notre entrevue, Didier Castino a affiché son amour de la lecture et des livres. Bien avant d'aborder spécifiquement ce thème, il m'avait déjà cité quatre auteurs et quelques titres importants à ses yeux. Ce que nous avons développé ensuite lors de la dernière demi-heure de cet entretien. Comme beaucoup d'enfants, il a eu droit au Club des Cinq, série qu'il n'hésite pas à qualifier d'ennuyeuse. Mais ce qui l'a toujours attiré ce sont les récits qui ne lui sont pas spécifiquement destinés. Ainsi, il cite à ma grande surprise Mourir étonné de Cesbron -un livre que sa mère lisait et qu'il a voulu lire pour l'imiter sans vraiment rien y comprendre. Le premier grand souvenir de lecture est pour lui un souvenir de difficulté de lecture, déjà l'idée qu'un texte doit être décrypté. Puis se sont distingués des auteurs comme Claude Simon qu'il nomme à de nombreuses reprises au cours de notre rencontre. Ce qu'il aime chez lui ce sont "les très longues phrases se construisant et se déroulant par digression". Cet auteur, il l'a découvert en lisant Les Géorgiques puis La route des Flandres mais le texte qu'il préfère demeure Le Palace. Puis ce fut Proust, Faulkner (et ses romans polyphoniques), Flaubert, Giono (en particulier Mort d'un personnage), Balzac avec Ferragus et Aragon avec Blanche ou l'oubli (dont il admire la prose) ou Aurélien (qu'il a reçu en cadeau), Brigitte Giraud plus tard et Dostoievski, Tchekhov, Thomas Bernhard et bien d'autres qu'à regret il ne peut nommer.

Didier Castino, féru de littérature du XXe siècle, se dit plus attaché au style qu'à l'histoire. 

Directeur d'une compagnie de théâtre, Didier Castino est aussi un grand lecteur de pièces théâtrales et compte parmi ses références des auteurs comme Racine (qu'il aime faire lire à haute voix à ses élèves), Koltès (Dans la solitude des champs de coton, Quai ouest et "le côté un peu fou" de Retour au désert), Beckett, Lagarce, Wajdi Mouawad et toujours Mauvignier dont Retour à Berratham a été récemment monté à Avignon par Preljocaj. 
En tant que lecteur, il avoue connaître des périodes de monomanie durant lesquelles il achète et lit plusieurs romans d'un même auteur afin de mieux appréhender son univers et est plutôt enclin à laisser une seconde chance à un romancier dont il n'aurait pas apprécié pleinement une lecture. 
S'il accorde une grande place aux livres, Didier ne les considère pas pour autant comme "des musées". Au contraire, il aime les parcourir, les manipuler, les annoter, les corner, les user voire les maltraiter quitte à casser la tranche ou à abîmer les pages. Et même s'il admet l'utilité des tablettes, il leur préfère le livre papier justement pour ces raisons. 
Cette conversation autour de la lecture révèle autre chose : mon invité apprécie les auteurs des éditions de Minuit, les premiers romans et est au fait de cette rentrée littéraire. Il a lu et aimé Djibouti et prévoit de lire Le metteur en scène polonais, "le dernier Yves Ravey" et le roman de Judith Perrignon sur Victor Hugo, un auteur qu'il juge "essentiel". 
Enfin, les livres, Didier aime aussi les offrir (A présent de Brigitte Giraud, Debout/Payé de Gauz, Ce coeur changeant d'Agnès Desarthe et La Cache de Christophe Boltanski furent ses dernières offrandes), les abandonner en cours de lecture ( Belle du Seigneur ) et les conseiller à ses proches ou à ses élèves (L'espèce humaine de Robert Antelme, Bartleby de  Herman Melville, Le joueur d'échec de Stefan Zweig, Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal ou encore La Douleur de Marguerite Duras). Mais il aime aussi être conseillé et fait confiance aux coups de coeur des libraires :-) 
Cette conversation autour du livre se termine avec Roland Barthes et l'extrait mis en exergue*. Ce texte accompagne Didier Castino depuis de nombreuses années à tel point qu'il a hésité un temps à le citer avant de se rendre compte qu'il avait toute sa place dans ce livre.


Cette heure à discuter en compagnie de Didier Castino est passée à toute vitesse tant il est passionnant de parler de livres, ceux que l'on écrit, ceux qu'on lit, ceux que l'on choisit par rapport au titre ou à la couverture, ceux que l'on nous conseille, ceux que l'on aime offrir, ceux que l'on abandonne, que l'on parcourt, que l'on met de côté, ceux qui a priori ne nous sont pas destinés, les livres à message ou non... 
Cet aparté a été pour moi non seulement l'occasion d'apprendre un peu plus sur un livre que j'ai aimé lire et défendre et sur un auteur en devenir mais aussi une parenthèse au cours de laquelle nous avons parlé littérature de lecteur à lectrice. 
Je le remercie encore ainsi que les éditions Liana Levi d'avoir accepté d'inaugurer cette rubrique.


Et plus si affinités :
Bien évidemment, je vous conseille vivement la lecture de ce très beau roman Après le silence de Didier Castino paru aux éditions Liana Levi.

Et encore plus :
Parcourir la sélection de livres évoqués lors de cet entretien :
... découvrir les auteurs nommés :   
... et se plonger dans le moyen-métrage d'Arnaud Desplechin, La vie des morts.

* Extrait de Fragments d'un discours amoureux mis en exergue :
" Savoir qu'on écrit pas pour l'autre, savoir que ces choses que je vais écrire ne me feront jamais aimer de qui j'aime, savoir que l'écriture ne compense rien, ne sublime rien, qu'elle est précisément là où tu n'es pas-c'est le commencement de l'écriture "

Les photographies ont très aimablement été fournies par les éditions Liana Levi et par Didier Castino pour Le bruit des livres.








FeniXX







Bonjour,

Une fois n'est pas coutume, je consacre un (très bref) article non pas à une lecture, un auteur ou une rencontre mais à la société FeniXX (Fichier des Éditions Numériques des Indisponibles du XXe siècle) et au travail colossal qui l'attend. Créée par Le Cercle de la Librairie, cette société est chargée de numériser, diffuser et distribuer entre 2015 et 2022 plus de 200 000 titres.
Et pour en savoir plus, n'hésitez pas à consulter son site, sa page facebook ou son catalogue.
De belles (re)découvertes en perspective !!!

mardi 1 septembre 2015

Aujourd'hui j'ai rencontré... (3)


... le lauréat du 14ème prix Fnac 2015, à savoir M. Laurent Binet pour La septième fonction du langage (éds Grasset)

by Le bruit des livres (lili M)

Ça s'est passé aujourd'hui midi au Théâtre du Châtelet devant un public composé de journalistes, d'auteurs, d'éditeurs, de relations presse et/ou libraires, de photographes et évidemment de Fnac(wo)men (du libraire au PDG en passant par les responsables librairie, les services communication, les directeurs de magasins, le personnel de la Direction Produit...)
Premier prix littéraire de la saison, le Prix du Roman Fnac c'est 400 libraires et 400 adhérents qui -entre mi-mai et début juillet- lisent, notent et argumentent leurs lectures afin de constituer -mi-juillet- la sélection du même prix. De celle-ci émergent dans un premier temps cinq finalistes puis -en ce jour de rentrée scolaire- le lauréat.

Laurent Binet succède ainsi à 13 noms de la littérature (essentiellement française):

by Le bruit des livres (lili M)
Dominique Mainard, Leur histoire (éds Joëlle Losfeld)
Pierre Charras, Dix-neuf secondes (éds Mercure de France)
Jean-Paul Dubois, Une vie française (éds de l'Olivier)
Pierre Péju, Le Rire de l'ogre (éds Gallimard)
Laurent Mauvignier, Dans la foule (éds de Minuit)
Nathacha Appanah, Le Dernier Frère (éds de l'Olivier)
Jean-Marie Blas De Roblès, Là où les tigres sont chez eux (éds Zulma)
Yannick Haenel, Jan Karski (éds Gallimard)
Sofi Oksanen, Purge (éds Stock)
Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit (éds Lattès)
Patrick Deville, Peste et Choléra (éds du Seuil)
Julie Bonnie, Chambre 2 (éds Belfond)
Benjamin Wood, Le Complexe d'Eden Bellwether (éds Zulma)

La cérémonie -présidée cette année par Franz-Olivier Giesbert- a commencé à 12h15. C'est Alexandre Bompard qui l'a inauguré en nous présentant la spécificité de ce prix et de ses enjeux. Puis l'écrivain-journaliste et l'homme du jour ont pris successivement la parole, le premier pour annoncer le lauréat, le second -visiblement touché et ravi par cette récompense- pour prononcer un bref discours de remerciements.

by Le Bruit des livres (lili M)


S'en est suivi un beau et savoureux cocktail déjeunatoire -que j'ai omis de photographier mais pas de déguster ;-) - servi sur la terrasse du 4ème étage nous permettant ainsi de profiter d'une très belle vue sur la place du Châtelet et sur la Seine.




Après m'être brièvement présentée à Laurent Binet, je suis restée quelques temps afin de discuter avec les collègues, les connaissances et les amies présents également. Et je suis repartie avec un nouvel exemplaire tout beau tout propre de ce roman qui -je suis sûre- rencontrera le succès qu'il mérite. 
Encore félicitations M. Binet et bonne continuation ! 


Prix du roman Fnac 2015 Pour rappel (si besoin est): La septième fonction du langage est un roman qui prend pour postulat l'assassinat de Roland Barthes permettant alors à Laurent Binet de développer une variation sur l'Histoire mais aussi un roman policier sémiologique et une satire des milieux intellectuels et politiques français des années 70-80. Porté par un duo d'enquêteurs improbables mais complémentaires et d'illustres personnages (Foucault, Sollers, Kristeva, Derrida, Eco...), ce récit est délicieusement malicieux, audacieux et impertinent.
Je suis ravie de l'attribution de ce Prix du Roman Fnac 2015 car j'ai défendu ce livre bien avant la rédaction de mon coup de coeur ici même.

Pour l'occasion la Fnac organise différentes rencontres avec l'auteur, si vous souhaitez connaître les dates c'est ici



NB: Je suis navrée pour la qualité médiocre de certaines photos mais j''avais devant moi trois photographes professionnels. J'en profite d'ailleurs pour remercier Laurent Binet d'avoir accepté que je m'incruste parmi ces photographes pour prendre quelques uns de ces clichés.